Le site présente des traces d’occupation dès 35 000 avant notre ère. Une villa gallo-romaine
4 a également existé en bas du coteau destinant le site à la culture de la vigne. En attestent divers éléments de mosaïques découverts au lieu-dit Le Palat.
C’est au 8
ème siècle qu’un moine Breton nommé Emilion, originaire de Vannes, arrive sur le futur site de Saint-Emilion. Cet homme de cœur, qui quitta sa famille et sa contrée natale pour se retirer et se consacrer à la prière, fut d’abord victime des pires injustices auxquelles il répondit toujours par la plus grande bonté. Econome dans un couvent bénédictin en Saintonge, comblé de louanges et de respect en raison de sa grande vertu, Emilion finit par se retirer, loin de tous, dans la forêt des combes (ASCUMBAS), qui recouvrait jadis l’actuel site de la cité Saint-Emilionnaise.
Par ses miracles (cf. annexe 4) et sa générosité, sa renommée rayonna par-delà la vallée et de nombreux disciples le rejoignirent. Emilion évangélisa la population, et autour de lui se rassemble alors un groupe de religieux vivant sous la règle de Saint Benoît, créant ainsi une grande cité monastique à laquelle les fidèles donnèrent son nom : Saint-Emilion. Les textes étant silencieux, il est difficile de savoir précisément où se situe leur premier établissement. De même, nul ne peut affirmer quand est creusé l’essentiel de l’Eglise monolithe : fin XIème siècle ? Début XIIème ? Le plus probable est que le chantier doit s’échelonner sur une période assez courte (on parle de 25 ans), avec une phase importante au XIème siècle.
Ce saint homme mourut le 6 janvier de l’an 767, après avoir passé les dix-sept dernières années de sa vie dans son ermitage, autour duquel fut aménagée la cité de Saint-Emilion et son ensemble troglodytique exceptionnel.
C’est ainsi que du 9
ème siècle au 18
ème siècle se succédèrent plusieurs communautés religieuses à Saint-Emilion : les Bénédictins laissèrent leur place à une communauté de chanoines Augustins qui vinrent remettre un peu d’ordre dans leur mode de vie, certains ayant femme et enfants. Puis les Franciscains, Dominicains et enfin les Ursulines* vinrent tour à tour s’installer dans le village médiéval, tous attirés par la vie vertueuse d’Emilion.
La Jurade
La Jurade fut instaurée en 1199 par
Jean Sans Terre, roi d’Angleterre. Ce dernier délégua ses pouvoirs économique, politique et judiciaire, à des notables et des magistrats afin de gérer l’administration générale de la cité. En échange de ces privilèges accordés, l’Angleterre put jouir du « privilège des Vins de Saint-Emilion ». Ainsi la superficie du vignoble augmenta avec la notoriété des vins. Leur qualité était soumise au contrôle de la Jurade (par le sceau du vinettier) avant transport vers l’Angleterre depuis le port de Pierrefitte sur la Dordogne.
L’autorité de la Jurade perdura jusqu’à la
Révolution Française en 1789.
En
1793, la commune a adopté le nom révolutionnaire d'
Émilion-la-Montagne5.
En 1948, les viticulteurs réunis au sein du syndicat viticole ressuscitèrent la Jurade sous la forme d’une
confrérie, qui devint alors l’ambassadrice des vins de Saint-Emilion à travers le monde, avec pour ambition de garantir l’authenticité et la qualité de ses vins.
La Jurade est ainsi porteuse de la notoriété des appellations, et organise chaque année la Fête de Printemps en juin et le Ban des vendanges en septembre.
Lors de ces manifestations, les membres de la Jurade défilent dans la cité, vêtus de la robe rouge traditionnelle, rappelant la toute-puissante Jurade des siècles passés. En juin comme en septembre, après avoir assisté à la messe, les jurats se rendent dans le cloître de l’église collégiale ou dans l’église monolithe pour procéder aux intronisations. Puis, après le déjeuner, ils se rendent en procession à la Tour du Roy, du sommet de laquelle ils proclament solennellement le ban des vendanges ou En juin, la Jurade procèdent au Jugement du vin nouveau, destiné à en prédire les qualités (celui tiré de la récolte précédente). La Jurade est devenue l’emblème de la viticulture saint-émilionnaise
2.